À partir de rencontres sensibles et sonores, Stella CH débute l’écriture d’une performance mêlant musique et art du récit. Pour composer cette pièce elle s’attache à la description de scène, la transcription de témoignages et l’interprétation d’un univers par des compositions musicales. Ces trois formes donnent à écouter les rythmes et les tonalités, les dynamiques et les respirations de la parole.

C’est à travers l’étude de l’anatomie fonctionnelle qu’elle travaille sur tous ces micro-icebergs du geste vocal : les Entours de la parole.

Les Entours de la parole est une recherche artistique qui tend vers la création d’une méthode d’interprétation et d’écriture théâtrale. Cette méthode s’attache à écouter tout ce qui entoure les mots dans la parole et qui fait parole.

Pourquoi une parole nous touche-t-elle ? Elle émeut parfois par les mots choisis, par l’agencement de la phrase et par son sens ; mais aussi par la manière dont elle est dite afin de parvenir à l’autre, pour venir toucher l’autre.

Dire, c’est exprimer, et cette ex-pression (étymol. action de faire sortir quelque chose en pressant) demande un effort, un jeu, un frottement des tissus anatomiques. Pour traduire une pensée, une mécanique invisible se met en marche. Et le flux rythmé de la pensée se déroule, parfois avec difficulté quand le sujet tient à cœur. En écoutant les enregistrements radiophoniques de penseurs comme Vladimir Jankélévitch ou Jean Oury et en portant l’attention aux entours de leur parole, nous constatons que leur pensée, bien que limpide, s’inscrit aussi dans une lutte, lutte pour la faire sortir d’une bouche, afin de l’incarner ( la mettre en chair) et la transmettre à l’autre.

Travailler sur les entours de la parole, c’est dé-tisser la parole pour la transformer en une nouvelle œuvre vivante. C’est à cet endroit précis que cette recherche fondamentale musicale et théâtrale rencontre la thématique principale d’ In Tissu : la question du temps dans les métiers du tissage.